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Bruno Krief, directeur financier de Rubis : « Nous disposons d’une force de frappe de 1 à 1,5 miliard pour des acquisitions »

La contre-performance de l’action de cet acteur mondial de distribution et de stockage de produits pétroliers, pourtant réputée en temps normal pour son profil défensif, était l’occasion d’interviewer Bruno Krief, le directeur financier du groupe. Celui-ci nous dresse un état des lieux de la première partie l’exercice largement pénalisée par la crise et se projette sur la fin de l’année et à plus long terme grâce à un bilan complètement désendetté donnant au groupe les moyens de saisir des opportunités de croissance externe.

Bruno Krief, directeur financier de Rubis
Bruno Krief, directeur financier de Rubis

Quel regard portez-vous sur les comptes du premier semestre de Rubis ?

Bruno Krief : Plutôt satisfaisant dans le contexte singulier qui a caractérisé la période avec un retrait de 11% tant du résultat brut d’exploitation que du résultat net, un bilan quasiment désendetté laissant une formidable marge de manœuvre pour de nouveaux développements. En synthèse, des comptes qui permettent de tester la formidable résistance du modèle Rubis avec une matrice de positionnement diversifié en amont (dans le négoce, le stockage, le raffinage ou le transport) et en aval (dans la distribution finale) de notre métier ainsi que dans l’espace entre le Nord et le Sud, sur trois continents (en Europe, Afrique et Amérique-Caraïbes).

Chiffrez-vous l’impact de la crise sanitaire ?

B. K : Le choc « Covid » se chiffre à 45 millions d’euros de perte de marge opérationnelle courante sur la période avec une effet concentré sur le T2 lié au confinement et le quasi-arrêt de la mobilité et de la machine économique. De fait, les volumes ont baissé de 30% sur le T2 avec comme attendu une forte résistance du segment GPL et à l’inverse un impact fort sur les volumes aviation (10% des revenus du pôle distribution).

Dans quelle mesure le groupe a-t-il profité de la chute des prix du pétrole ?

B. K : C’est avant tout le consommateur qui en bénéficie, sachant que le distributeur est exposé aux effets de stocks face à une chute très brutale des prix fin mars. La moitié de nos marchés sont régulés tandis qu’ailleurs le raffermissement des marges viendra en partie compenser des effets de stocks négatifs

La récente baisse du dollar face à l’euro constitue-t-elle un atout en termes d’approvisionnement ?

B. K : C’est neutre dans les zones dollars où nous nous trouvons, positif dans les zones euros mais contrebalancé au niveau des résultats du Groupe par la conversion en euros des résultats en réalisés dollars.

Avec la filialisation de votre branche de stockage à une joint-venture, le groupe retrouve une marge de manœuvre pour accélérer son développement. A combien l’estimez-vous ?

B. K : Le bilan est quasiment désendetté pour une génération du résultat brut d’exploitation d’environ 500 millions d’euros, ce qui laisse une force de frappe de 1 à 1,5 milliard pour des acquisitions.

Est-ce que la crise sanitaire a fait baisser la valorisation des cibles et créé des opportunités de croissance externe ?

B. K : Créé des opportunités, sans doute, à lire les déclarations de major pétrolières en quête de cash et qui ont annoncé des cessions d’actifs. Quant aux baisses de valorisations, c’est plus nuancé compte tenu de l’inflation de cash cherchant à s’investir dans des actifs performants alors que les taux d’intérêt restent très bas.

Rubis Terminal a déjà finalisé une première acquisition en Espagne. Sur quel métier et dans quelle zone géographique prospectez-vous ?

B. K : En priorité sur notre cœur de métier (dans la distribution et le stockage) et sur nos bases géographiques qui s’étendent de l’Europe du Nord à la Méditerranée mais avec la volonté d’élargir le métier à l’infrastructure plus généralement, nous pourrions investir au de-là de nos bases existantes sur d’autres continents comme par exemple l’Asie.

Délivrez-vous des perspectives financières pour cette année ? A plus long terme ?

B. K : 2020 est une année atypique qui connaitra un retrait des résultats, néanmoins limité de l’ordre de 15% à 20% par rapport à 2019. Au-delà nous sommes confiants pour retrouver le chemin de croissance qui a été le nôtre ces 15 dernières années, avec une composante de croissance organique de l’ordre de 5% complétée d’une composante « acquisition » du même ordre permettant d’atteindre notre objectif d’une croissance de 10% du bénéfice par action chaque année en moyenne.

Rappelez-nous votre politique de distribution du dividende ?

B. K : En ligne avec l’évolution des résultats et autorisant un rendement du titre de l’ordre 3% à 3,5% en moyenne.

Comment expliquez-vous la faiblesse de votre cours de bourse ?

B. K : Un passage à vide ou un de-rating lié sans doute à une désaffection du marché pour les valeurs pétrole alors qu’une composante importante de nos ventes demeure le GPL, partout encouragé par les gouvernements comme énergie « propre », le bitume, essentiel pour la réalisation d’infrastructures de transport. Les analyses externes oublient que notre positionnement en produits pétroliers est concentré en Afrique et aux Caraïbes, régions dont le stade de développement et le niveau de pouvoir d’achat imposent une phase « carbonée » encore longue avant de pouvoir rêver au tout électrique.

 

 

 

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