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Mathieu Coutier, président d’Akwel : « Le groupe prêt pour relever le défi de l’électrification des véhicules »

Ce petit équipementier automobile, détenu à 70% du capital par la famille Coutier, a réalisé un très bel exercice 2019 malgré un marché automobile mondial dégradé. Il nous est apparu intéressant de donner la parole à son président, Mathieu Coutier, pour qu’il nous expose les secrets de cette réussite et les ressorts de l’entreprise pour traverser cette crise sanitaire inédite et aux conséquences économiques et sanitaires désastreuses.

françois LAPOINTE

Comment expliquez-vous la surperformance de votre groupe l’an dernier sur un marché automobile dégradé ?

Mathieu Coutier : La performance très correcte de notre exercice 2019 provient de l’augmentation de nos parts de marché dans deux domaines : au niveau de nos lignes de produits comme les carburants, l’admission d’air, les systèmes de refroidissement et les mécanismes, ce qui témoigne de notre compétitivité, de l’éventail de notre offre et de notre outil logistique. Nous avons également enregistré une montée en puissance sur des clients auprès desquels nous étions encore peu représentés, comme BMW ou Opel, dans le cadre de son rachat par Peugeot, un partenaire historique d’Akwel. Au final, notre chiffre d’affaires a ainsi pu croître de 4,4% à périmètre et taux de change constants malgré un marché automobile mondial en baisse de 5%, soit une surperformance de 9 points sur notre industrie. Nous en sommes très satisfaits et cela s’est accompagné d’une amélioration sensible de 1,1 point de la marge opérationnelle courante ressortie à 8,4% grâce à une diminution des provisions exceptionnelles pour retours garanties, des pertes moins importantes sur les filiales dernièrement créées qui sont en train de monter en puissance. Enfin, nos dépenses d’études et de développement se sont révélées moins élevées.  

Votre groupe est-il fortement perturbé par la crise sanitaire et quels sont ses ressorts pour la traverser?

M. C : oui car à part nos trois usines situées en Chine qui ont redémarré et ne fonctionnent encore qu’à 50% de leur capacité, le reste de notre outil de production est à l’arrêt que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, en Inde et en Thaïlande. L’incertitude à ce stade est importante car nous dépendons de la reprise d’activité des constructeurs automobile pour lesquels nous travaillons et qui, eux-mêmes, seront soumis à la décision des ménages d’acheter des voitures une fois la période de confinement terminée. La visibilité est donc très faible mais Akwel demeure confiant sur ses atouts pour faire face à cette période délicate. Propriétaire de ses usines et de ses équipements, le groupe dispose d’un bilan sain et faiblement endetté (6,8% des fonds propres fin 2019). Le risque de défaut de paiement est assez limité sachant que l’essentiel de notre chiffre d’affaires (89%) est réalisé en direct avec les constructeurs qui sont des géants internationaux solides financièrement. Enfin, notre production très localisée permet une grande flexibilité dans la gestion du groupe.

Comment abordez-vous le virage technologique de la voiture électrique et du véhicule autonome ?

M. C : Concernant la voiture autonome, le besoin n’est pas encore très clair et le projet reste donc coûteux, à ce stade. Par contre, le groupe s’est d’ores et déjà mis en ordre de bataille pour relever le défi de l’électrification avec une offre adaptée dans le refroidissement par exemple des batteries, des convertisseurs ou des moteurs électriques. Ce segment a représenté 10% de nos prises de commandes l’an dernier. Nous disposons par ailleurs de plus de 80 produits et maitrisons les technologies de transformation du plastique, du caoutchouc ou du métal.

Quelle place occupe l’innovation dans votre stratégie ?

M. C : Le groupe a toujours été ambitieux en matière de recherche & développement en y allouant chaque année un budget représentant entre 5,6% et 6,6% de son chiffre d’affaires. L’an dernier par exemple 56 brevets ont été déposés en intégrant les demandes de renouvellement à l’international. L’innovation demeure un axe prioritaire pour défendre nos positions et gagner de nouveaux marchés.

Votre structure financière très peu endettée est solide. Souhaitez-vous en profiter pour le moment venu saisir des opportunités de croissance externe ? Si oui dans quel domaine et quelles zones géographiques ?

M. C : Depuis 2011, trois grosses acquisitions ont été réalisées et nous ont permis d’acquérir le savoir-faire dont nous disposons aujourd’hui en termes de produits ou de technologies et de matériaux. Nous sommes par conséquent moins dans l’impérieuse nécessité de saisir des opportunités. Cela se justifiera pour accélérer la croissance du groupe et renforcer notre positionnement auprès des constructeurs allemands par exemple. L’incertitude est toutefois trop importante actuellement et la question pourra éventuellement se poser en sortie de crise mais pas avant. Tout dépendra de l’impact de l’épidémie sur nos finances et notre capacité à intégrer une éventuelle acquisition.

Quelles sont vos perspectives à moyen terme?

M. C : L’ensemble de nos objectifs sont pour l’instant suspendus face au manque de visibilité du marché automobile sur les trois prochaines années.

Maintenez-vous un dividende au titre du dernier exercice et quelle est la politique du groupe en matière dividende?

M. C : Oui, mais le coupon de 0,3 euro par action que nous versons habituellement sera exceptionnellement amputé de 35% au titre du dernier exercice. Il s’élèvera ainsi à 0,195 euro par action.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre cours de bourse ?

M. C : à l’instar du secteur des équipementiers automobile, notre titre n’est malheureusement pas épargné par la déconfiture des marchés actions.

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