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David Etien, directeur administratif et financier de Catana Group : « La crise conforte notre stratégie »

Dans un entretien à la Lettre de la Bourse, David Etien, directeur administratif et financier de Catana Group, revient sur l’actualité brûlante du constructeur de catamarans de plaisance, en commençant par l’impact de la crise sur sa production et ses ventes. L’occasion de repréciser ses perspectives pour l’exercice en cours et détailler les ambitions de développement, lesquelles passent par la poursuite du renouvellement et de l’élargissement de la gamme Bali et Catana, sur fond d’innovation.

Catana Group Pixabay.com
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Comment votre activité a-t-elle affectée par l’épidémie au troisième trimestre de l’exercice 2019-2020 ?

David Etien : Brutalement. Après avoir poursuivi notre forte croissance au premier semestre, en phase avec notre objectif initial de dépasser le cap des 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, nos revenus se sont limités à 4,9 millions d’euros sur la période du 1er mars au 31 mai, en baisse de 73%. Les conséquences du confinement se sont faites rapidement sentir. Dès le début de ce troisième trimestre en réalité. Le 17 mars, nos usines françaises ont fermé, suivies de près par notre site « Haco » en Tunisie, sur décision gouvernementale, alors que nous projetions une forte accélération des cadences pour cette dernière usine. Au total, la paralysie de notre production s’est étalée pendant près de 8 semaines. L’impossibilité de livrer nos bateaux a quant à elle été plus longue puisque ce n’est finalement que depuis quelques jours que toutes les restrictions de circulation ont été levées. Hélas, la capacité de production perdue sur ce troisième trimestre du fait des fermetures ne sera pas rattrapée.

Quelles mesures d’adaptation avez-vous pris ?

D.E. : Fruit de la gestion prudente déployée ces dernières années, la flexibilité est importante au sein de Catana Group. C’est particulièrement vrai pour notre masse salariale : la part des intérimaires et des CDD dans notre effectif était supérieur à de 50% avant la crise. Ainsi, nous avons donc pu adapter rapidement notre dispositif au contexte sanitaire. Le recours aux mesures de chômage partiel a également été de mise. Cela ne nous a pas empêché de préparer la relance de la production, en définissant des protocoles sanitaires dans nos lignes de production, au demeurant bien adaptées. Financièrement, nous avions une situation très saine avant la pandémie, caractérisée par une trésorerie nette positive et très peu de dettes. Mais, afin de faire face à tous les imprévus que cette crise pourrait occasionner, nous avons souscrit un prêt garanti par l’Etat de 19 millions d’euros. Cela nous donne une bonne réserve pour parer à toutes les éventualités, mais aussi pour saisir des opportunités et poursuivre notre plan de marche sereinement.

Vos investissements sont-ils remis en cause ?

D.E. : Bien au contraire, nous les maintenons voire nous les accélérons en étant persuadés qu’une gamme renouvelée est le meilleur gage de résilience dans la période difficile qui s’ouvre. A côté des deux bateaux récemment lancés (Bali Catspace et Bali 4.8), nous prévoyons de mettre trois nouveautés sur le marché dans les prochains mois, dont le Bali 4.2 sur lequel nous n’avions pas communiqué jusqu’ici. Ces catamarans intègrent d’importantes innovations, au service d’une optimisation des surfaces et des volumes, dont l’accès au cockpit avant depuis l’intérieur. Ce nouvel atout vient s’ajouter au concept unique dans le marché « Open Space» de la marque Bali. Aussi violente soit-elle, la crise ne remet pas en cause nos fondamentaux. Bien au contraire, nous évoluons sur un marché des catamarans de plaisance structurellement porteur. Comme en 2008, le choc économique actuel va rebattre les cartes. Nous entendons en profiter pour faire partie des gagnants de la reprise.

Comment se présentent vos perspectives ?

D.E. : Elles sont pour l’heure incertaines car liées en bonne partie à la santé de nos clients loueurs, qui représentent plus de la moitié de nos débouchés. Pour que ceux-ci ne renoncent pas à leur plan d’investissement, il va leur falloir sauver au mieux la saison 2020, retrouver la confiance du secteur du financement spécialisé dans le nautisme et surtout rapidement avoir de la visibilité sur la saison touristique 2021. Ce nombre important de conditions nous amène pour notre part à anticiper, une période d’attentisme de quelques mois encore, dans le meilleur des cas. A court terme, l’exercice 2019-2020 devrait se solder par une stabilité ou une légère croissance de nos ventes par rapport à 2018-2019, une année qui, rappelons-le, s’était caractérisé par un chiffre d’affaires de 77 millions d’euros combiné, pour une marge opérationnelle courante de 10%. Nous serons largement bénéficiaires. La saison à venir pourrait être plus difficile, surtout si le marché des particuliers, également sensible à la conjoncture, venait à se retourner, ce qui n’est pas le cas actuellement. Pour notre part, et à ce stade, nous n’anticipons pas de décroissance pour 2020/2021. Le salon nautique de Cannes, prévu à la rentrée, sera un bon thermomètre pour mesurer l’état de la demande. Le cas échéant, nous communiquerons davantage sur nos perspectives à l’automne, à l’occasion de notre point d’activité annuel.

Le seuil des 100 millions d’euros de revenus est-il encore à portée de main ?

D.E. : Nous franchirons ce jalon tôt ou tard, même si nous n’en faisons pas une obsession. Nous avons déjà passé de nombreux caps ces dernières années en constituant la gamme Bali, à partir de zéro. La marque a été installée parmi les grands noms de la filière, dont Lagoon et Fountaine Pajot. Nous disposons d’une gamme homogène, du 40 au 54 pieds, à voile et à moteur. On peut dire que notre toile est aujourd’hui bien tissée. Il s’agit à présent de consolider ce travail en élargissant les segments adressés et en faisant monter en puissance notre autre enseigne, Catana, plus élitiste mais au potentiel conséquent. Certes, nous n’anticipons pas de reprise de notre dynamique de forte croissance tout de suite. Mais la solidité de notre carnet de commandes à date, globalement inchangé par rapport à celui communiqué le 3 juin dernier, nous permet d’être sereins.

Comptez-vous diversifier vos revenus à l’avenir, vers les monocoques par exemples ?

D.E. : Absolument pas. Nous sommes un « pure player » des catamarans, marché qui connaît la plus forte croissance de la plaisance depuis vingt ans, contrairement à celui des monocoques qui n’a globalement pas enregistré de reprise majeure depuis la dernière crise. Nous avons encore fort à faire sur notre métier avant d’envisager une nouvelle aventure, le cas échéant. Notre seule diversification concerne notre filiale Port Pin Roland, qui offre un îlot multiservices au coeur de la côte d’Azur, dont une marina de 400 places à flot et 500 à sec.

Comment expliquez-vous la forte volatilité qui prévaut sur le titre ?

D.E. : Elle est liée à la part importante du public dans le capital, qui génère une importante rotation des investisseurs. Le poids de la famille Poncin dans le tour de table est inférieur à 30%, ce qui est moindre que celui de l’actionnariat familial chez nos confrères cotés par exemple. Cela étant dit, le titre Catana Group a franchi un plafond de verre l’an dernier en se hissant à plus de 4 euros. Sur longue période, j’ai le sentiment que la trajectoire du titre reflète la réalité de nos fondamentaux sauf en ce moment bien sûr.

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