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Olivier Mallet, directeur financier de Vallourec

« Une nouvelle augmentation de capital ne sera pas nécessaire » La reprise des cours du pétrole ces dernières semaines et la publication le 10 novembre des comptes du troisième trimestre de…

« Une nouvelle augmentation de capital ne sera pas nécessaire »

La reprise des cours du pétrole ces dernières semaines et la publication le 10 novembre des comptes du troisième trimestre de ce leader mondial des tubes sans soudure étaient une bonne opportunité de faire le point avec son directeur financier, Olivier Mallet, pour savoir où en était le groupe dans son redressement et si sa structure financière était suffisamment solide.

Diplômé de l’ENA, Olivier Mallet, âgé de 61 ans, a démarré sa carrière en 1981 comme inspecteur général des finances avant d’occuper différentes fonctions au Ministère des Finances jusqu’en 1993. Il entre ensuite chez Thomson avant de rejoindre successivement Pechiney et Areva. Il intègre Vallourec en septembre 2008 comme directeur financier.

 

La lettre de la bourse : quel regard portez-vous sur les comptes du troisième trimestre ?

Olivier Mallet (directeur financier de Vallourec) : Nous les jugeons satisfaisants puisqu’ils confirment l’amélioration sensible de la performance du groupe observée depuis le début de l’année avec un résultat brut d’exploitation en redressement au fil des trimestres. Celui-ci a renoué au troisième trimestre avec un léger bénéfice de 9 millions d’euros en progression de 61 millions sur un an. En cumulé à fin septembre, l’excédent brut d’exploitation est encore négatif de 9 millions mais l’amélioration est très nette par rapport à l’an dernier (-156 millions). Cette performance encourageante reflète les effets positifs de deux leviers importants. Le premier concerne la mise en œuvre de notre plan de transformation destiné à réduire nos coûts grâce au développement de deux zones de production très compétitives en Chine et au Brésil. Nos capacités en Europe ont été parallèlement réduites. Ce plan est assorti d’un programme d’économies ambitieux sur lequel nous sommes en avance. Deuxième catalyseur important : l’amorce de la reprise du marché du pétrole et du gaz fortement pénalisé depuis trois ans par une crise sans précédent et sur lequel le groupe réalise plus de 60% de son chiffre d’affaires. Cette industrie est en cours de rééquilibrage et cela se traduit par le redressement du marché pétrolier américain à la fois en volume depuis le deuxième trimestre 2016 et maintenant en prix depuis le troisième trimestre. L’indicateur le plus pertinent pour mesurer la reprise sur le continent nord américain est le nombre d’appareils de forage. Il a plus que doublé entre le printemps 2016 et le mois de juillet 2017 pour passer de 400 à 950.

La lettre de la bourse : Considérez-vous que les difficultés de Vallourec soient aujourd’hui derrière vous ?

Olivier Mallet : Nous sommes engagés sur le chemin du redressement sans que l’on puisse dire pour autant que l’on est sorti de cette phase difficile puisque notre flux net de trésorerie est encore négatif. Mais le cycle de reprise est enclenché sur le segment majeur pour Vallourec du pétrole et du gaz.

La lettre de la bourse : Justement quelle analyse faites-vous des différentes marchés pétroliers sur lequel le groupe est présent ?

Olivier Mallet : Le marché américain, sur lequel Vallourec réalise 30% à 40% de son activité dans le pétrole et le gaz, est le plus volatile. Il a chuté lourdement début 2015 et l’utilisation de nos capacités de production est tombée à 25% à 30% début 2016. Sur les neuf premiers mois de l’année en cours, nos livraisons ont plus que doublé et nous avons même dû importer des tubes du Brésil pour répondre aux demandes de nos clients. L’ampleur de ce rebond a surpris tous les spécialistes et a permis de passer des hausses de prix de 25% au troisième trimestre. La dynamique est un peu retombée depuis le début de l’été avec un nombre d’appareils de forage revenu de 958 à 900 en raison du reflux en juillet des prix du pétrole mais également d’une pause de la part des producteurs qui étaient en avance sur leur budget d’investissement. Depuis, la fermeté des prix du baril à plus de 50 dollars permet d’être confiant pour 2018.

La lettre de la bourse : et dans les autres régions?

Olivier Mallet : Au Brésil (15% à 20% de nos ventes pétrole et gaz), la situation financière très délicate de Petrobras, l’un de nos grands clients, l’a obligé à réduire fortement ses investissements en 2016. La compagnie va aujourd’hui un peu mieux et ses dépenses d’investissement devraient rester stables sur 2017 et 2018. Mais le plus important vient de l’assouplissement par les autorités brésiliennes des conditions d’octroi des permis d’exploiter les puits pré salifères. Les appels d’offre sont désormais ouverts aux majors internationaux, ce qui redonne de fortes perspectives au marché local sachant que l’offshore brésilien est reconnu mondialement pour sa productivité exceptionnelle (35.000 barils par jour et par puit en moyenne). Au Moyen-Orient, les grandes compagnies pétrolières internationales ont revu au cours de ces deux dernières années en baisse les coûts de leurs projets et commencent progressivement à redémarrer leurs investissements. Mais le processus est beaucoup plus lent qu’aux Etats-Unis. Les autres acteurs nationaux moyen-orientaux n’ont jamais réduit la voilure pendant la crise.

La lettre de la bourse : A partir de quel niveau de prix du baril, Vallourec redeviendrait-il rentable ?

Olivier Mallet : Davantage que les cours du pétrole, c’est le nombre d’appareils de forage qui est l’indicateur le plus pertinent pour le groupe. L’industrie mondiale ne peut pas rester trop longtemps avec une faible activité de forage à cause du phénomène naturel de déplétion qui voit la productivité des puits en exploitation baisser de 5% à 6% par an. Il faut donc chaque année mettre en production une capacité de 4 à 5 millions de barils par jour pour juste stabiliser l’offre alors que parallèlement la demande continue de progresser de 1% à 1,5%. Après la violente purge observée entre 2014 et 2016, le nombre de puits de forage doit maintenant repartir pour éviter une pénurie de pétrole à moyen terme.

La lettre de la bourse : Certains bureaux d’études considèrent votre objectif d’excédent brut d’exploitation de l’exercice trop conservateur. Le relevez-vous ?

Olivier Mallet : Oui pour la troisième fois cette année. Déjà en mai et en juillet, notre cible a été révisée en hausse et nous l’ajustons donc cette fois-ci de façon assez significative en tablant désormais sur un excédent brut d’exploitation compris entre -10 et -30 millions (contre -44 et -94 millions) en raison des tendances plus favorables que prévues notamment sur le marché pétrolier américain.

La lettre de la bourse : à quel horizon envisagez-vous le retour à une génération de flux nets de trésorerie ?

Olivier Mallet : C’est bien évidemment notre objectif essentiel. Il est difficile, à ce stade, de s’engager sur un échéancier précis. Nous sommes très confiants sur la poursuite de la mise en œuvre de notre plan de transformation qui doit contribuer à améliorer de 750 millions notre excédent brut d’exploitation à l’horizon 2020. L’autre paramètre est la confirmation de la reprise du marché pétrolier et gazier dans le monde. Elle a déjà commencé aux Etats-Unis et doit maintenant s’étendre aux autres zones géographiques.

La lettre de la bourse : Vallourec aura-t-il besoin de faire appel au marché dans un avenir court ou moyen terme ?

Olivier Mallet : Non, le groupe a été recapitalisé en 2016 à concurrence de 1 milliard d’euros. Les lignes bancaires ont été parallèlement augmentées l’an dernier de plus de 500 millions d’euros et la maturité moyenne de la dette a été allongée. Nous avons cette année diversifié nos ressources financières en levant sur le marché de la dette quelques 800 millions d’euros dans d’excellentes conditions. Le coût moyen de notre dette est de l’ordre de 5%. L’engagement pris à l’égard de nos banques créancières de ne pas excéder un ratio d’endettement net sur fonds propres de 75% cette année et de 100% sur 2018 et 2019 sera respecté.

La lettre de la bourse : Nippon Steel a-t-il vocation à rester au tour de table ?

Olivier Mallet : Nippon Steel est un concurrent mais également depuis 1985 un partenaire de Vallourec en matière de recherche & développement pour les connexion premium des tubes destinés au pétrole et au gaz. C’est dans le cadre de ce partenariat que Nippon Steel a participé l’an dernier à concurrence de 350 millions à l’augmentation de capital. Il détient 15% du capital aux côtés de BPI France. Ce lien est durable et stable sachant que la participation ne peut pas excéder le seuil de 15%.

La lettre de la bourse : Une consolidation des acteurs de tubes sans soudure est-elle envisageable ou souhaitable ?

Olivier Mallet : Le secteur est déjà concentré et il est difficile d’anticiper des opérations de rapprochement. Le sujet n’est, en tous les cas, pas d’actualité pour Vallourec.

Propos recueillis par la rédaction de la lettre de la bourse.

 

 

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