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Lagardère: une opportunité à saisir?

La gouvernance fragile et le coronavirus ont fait plonger l’action sur ses plus bas niveaux depuis 9 ans. Même si le dossier a perdu en visibilité, la sanction parait excessive.

Lagardère pixabay.com
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Avec une baisse de plus de 20% depuis le début de l’année, l’action Lagardère est l’une des grandes perdantes de la correction survenue soudainement les marchés. Il est vrai que le groupe dirigé par Arnaud Lagardère ne sera pas épargné par le coronavirus en raison de la sensibilité de son pôle travel retail (commerces sur les lieux  de voyage) au tourisme et aux transports. Ce pôle a représenté l’an dernier 61% du chiffre d’affaires du périmètre cible retenu par le groupe (donc hors les activités liées au sport et à la production audiovisuelle, en cours de cession), soit beaucoup plus que le deuxième pôle, l’édition (34%) et que les autres activités qui regroupent les activités de médias (Paris Match, Le Journal du Dimanche, Europe 1, Virgin Radio, RFM et la licence Elle). Proche des métiers de la distribution, le travel retail est logiquement moins profitable que l’édition avec une contribution à 42% au résultat opérationnel du périmètre cible. Mais il s’agit d’une activité en croissance en raison de l’explosion du trafic de passagers dans les aéroports et les gares. Sauf que cette année, elle sera freinée par le coronavirus, notamment sur la région Asie Pacifique et sur les hubs internationaux. La direction du groupe évoque donc un manque à gagner de 20 millions d’euros sur le résultat opérationnel, avant la mise en œuvre d’un plan d’actions (optimisation des horaires d’ouvertures et des conditions de loyers en liaison avec les concédants). Cela représente à peine 6% du résultat opérationnel du périmètre cible alors que la valeur du groupe vient de fondre de près d’un cinquième !

 

Le fonds d’investissement activiste Amber pointe à près de 14% du capital

 

Hors effet coronavirus, les perspectives du groupe restent attractives, puisqu’après la hausse de 5,3% du résultat opérationnel des activités principales l’année dernière à méthodes comptables comparables, la direction table pour 2020 sur une nouvelle amélioration de cet agrégat comprise entre 4% et 6%. La défiance envers l’action Lagardère a donc d’autres causes. En premier lieu une gouvernance fragile liée au statut de commandite par actions instauré en 1992 et qui permet une séparation des pouvoirs entre les organes de direction que sont les associés commandités (dont fait partie Arnaud Lagardère) et le conseil de surveillance élu par les actionnaires dans lequel pourraient prochainement entrer Nicolas Sarkozy (proche du Qatar, également gros actionnaire) et Guillaume Pepy. C’est la gérance qui élabore la stratégie et arrête les principales décisions alors que les dirigeants choisis par Lagardère SCA assurent l’exécution. Impossible par ailleurs de prendre le contrôle du groupe même en prenant possession de la majorité du capital et des droits de vote. Une situation que le fonds d’investissement activiste Amber Capital aimerait faire changer. Il vient d’ailleurs de renforcer sa pression en montant à 13,98% du capital et 10,48% des droits de vote de Lagardère. Que revendique-t-il ? La poursuite du recentrage du groupe, avec notamment la cession des activités de médias (notamment la radio Europe 1, très déficitaire) et pourquoi pas la vente d’un des deux métiers principaux. Une scission entre l’édition et le travail retail serait notamment créatrice de valeur pour les actionnaires.

Difficile malgré tout de faire entendre cette voie à une société ayant le statut protecteur de la commandite. En attendant que la gouvernance évolue ou que le recentrage accélère, les actionnaires pourront au moins se consoler avec le dividende qui va être reconduit cette année à 1,30 euro par action, Sur la base des cours actuels, il procure un rendement proche de 9% et son montant parait reconductible au regard de la situation financière maîtrisée (l’endettement net représente seulement 2,1 fois l’excédent brut d’exploitation dégagé en 2019), des cessions en cours (la vente de 75% de Lagardère Sport doit normalement rapporter un peu plus de 80 millions d’euros) et de la nécessité pour Arnaud Lagardère de faire remonter du cash pour payer les intérêts de sa dette personnelle. En bourse, l’action ne capitalise plus que 9 fois les profits attendus en 2021 et se rapproche de la « book value », c’est-à-dire le montant des fonds propres ramené au nombre de titres, soit environ 14 euros. La décote sur l’actif net réévalué approche quant à elle 40%.

Notre conseil : la valorisation du titre Lagardère devient très bon marché et offre un rendement élevé. On peut se renforcer ou acheter sous 15 euros. Code Isin : FR0000130213.

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