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Marc du Pontavice, président directeur général de Xilam Animation : « nous devenons un acteur global »

Marc du Pontavice, président directeur général du producteur de série et films d’animation Xilam, revient sur les réalisations des six premiers mois de l’exercice 2020, une période qui s’est caractérisée par l’intégration de Cube Creative et une érosion faciale de la rentabilité (marge opérationnelle courante revenue à 15,4% contre 35,2% au premier semestre 2019). L’occasion de détailler les ambitions et les perspectives de son groupe pour la fin de l’année et au-delà, et de rappeler les enjeux liés à l’essor des grandes plateformes digitales, vecteurs d’un développement vertueux et d’une globalisation du métier.

Marc du Pontavice - PDG de Xilam
Marc du Pontavice – PDG de Xilam

Comment qualifiez-vous le premier semestre 2020 ?

Marc du Pontavice : L’adjectif qui me vient à l’esprit est « paradoxal ». Grâce à la nature très digitalisée de notre métier, nous avons très bien surmonté l’épidémie de Covid-19. Notre organisation s’est rapidement adaptée à la situation, 380 personnes ayant basculé en télétravail en quinze jours. Si bien que notre rythme de production n’a pas été affecté par le contexte sanitaire. Cependant, les livraisons qui conditionnent les revenus comptabilisés de l’entreprise ont été freinées par le confinement et les mesures de distanciation sociale. Il faut comprendre que l’enregistrement des voix et un certain nombre de parties techniques de post-production nécessitent encore du présentiel. Malgré ce contre-temps, le total des produits relatifs aux nouvelles productions a atteint 5,8 millions d’euros au 30 juin 2020, en croissance de 20% sur un an en intégrant la contribution de Cube Creative, désormais consolidé. Au global, le chiffre d’affaires et autres produits du Groupe se sont établis à 9,8 millions sur ce semestre. Cela représente une croissance de 24% en données publiées et de 5,6% en organique.

Quelles sont les autres satisfactions du moment ?

M.d.P. : Elles sont nombreuses. Je soulignerais la solidité de notre dynamique commerciale, confirmée au premier semestre. Notre capacité à produire des contenus premium, c’est-à-dire susceptibles de voyager et rayonner sur toute la planète, est reconnue par les plateformes digitales. C’est un puissant driver de croissance pour nos ventes et nos marges. Ces derniers mois, nous avons multiplié les « deals » globaux avec ces acteurs du streaming, à l’image de l’accord signé tout récemment avec Netflix pour la série Trigo. La montée en puissance de notre production s’est aussi poursuivie, ce qui est un gage d’expansion pour 2021 et les années suivantes. Enfin, la forte notoriété de nos programmes plus récents avec par exemple Moka qui réalise d’excellentes audience sur Gulli.

Comment se déroule l’intégration de Cube Creative ?

M.d.P. : Cette acquisition constitue un jalon important dans le développement de Xilam, en ce sens qu’elle nous apporte un studio supplémentaire, entièrement dédié aux réalisations en images de synthèse – dont nous souhaitons qu’elles représentent au moins la moitié de notre line-up à horizon 2022. Jusqu’ici, Cube Creative évoluait sur le métier à faibles marges de la prestation non-propriétaire. Nous les aidons à basculer vers le modèle plus rémunérateur de la production propriétaire, au cœur de notre savoir-faire. 2020 est de ce point de vue un exercice de transition pour cette entreprise. Mais nous espérons cueillir les fruits de cette transformation en 2021 et surtout en 2022. Les bagages artistique et technique de Cube Creative sont des atouts indéniables.

De nouvelles acquisitions sont-elles à l’étude ?

M.d.P. : Oui, nous y pensons. Une opération pourrait se concrétiser l’an prochain. Notre philosophie est d’acquérir ce que nous appelons des « boutiques studio ». En clair, des entreprises de 50 à 80 salariés dont l’expertise premium peut contribuer à renforcer notre line-up et notre approche globale. Nous visons des synergies de revenus.

Quelle force de frappe pouvez-vous mobiliser ?

M.d.P. : Nous disposons d’une trésorerie de 10 à 15 millions d’euros immédiatement mobilisable, montant auquel s’ajoute notre capacité d’endettement, soit une trentaine de millions au total.

Où en êtes-vous dans le développement des séries pour adultes ?

M.d.P. : Dans le segment des adultes, nous avons bon espoir de signer un gros deal auprès d’une plateforme l’an prochain. Il faut savoir que ce marché est en plein boom au Etats-Unis. Ce segment sera d’ailleurs la plus grosse source de croissance de l’animation aux Etats-Unis dans les cinq prochaines années. Et le phénomène gagne aussi l’Europe. Précision utile : la demi-heure d’une série animée pour adultes est facturée entre 500 000 et 1 million d’euros, soit 50% à 200% plus cher que celle pour enfant.

Quid de vos relais de croissance dans le « B-to-C » ?

M.d.P. : L’AVOD (vidéo à la demande facturée à la publicité, sur YouTube essentiellement) et le merchandising drainent des revenus complémentaires pour notre catalogue. Les produits dérivés ne sont pas pris en compte dans nos objectifs financiers, c’est du bonus. Cela étant dit, nous avançons méthodiquement. A titre d’exemple, une ligne de jouets pour la série « Oggy Oggy » devrait être commercialisée pour Noël 2022. Les revenus incrémentaux liées aux licences de merchandising sont potentiellement significatifs. Ils constitueront un booster de rentabilité pour Xilam.

Quelle part des revenus prévisionnels du plan Scale 2023 est déjà sécurisé ?

M.d.P. : Plus de 80% des produits visés pour la période 2020-2021 sont déjà actés contractuellement, à charge pour nous d’être efficace en production pour livrer les demi-heures commandées en temps et en heure. Et environ la moitié de notre prévisionnel pour 2022 est également signé. Au-delà, la montée en puissance de notre line-up ainsi que la transposition de la directive SMA en France nous confère une grande visibilité.

A combien estimez-vous les retombées de la transposition de la directive SMA ?

M.d.P. : Cette directive, qui prendra effet en janvier 2021, impose aux plateformes de diffusion d’investir au moins un quart en productions françaises et au moins la moitié en contenus indépendants français. Le catalogue des plateformes devra être constitué pour au moins 30%, de contenus européens. Au global, cela génèrera un surcroît d’activité de 600 à 700 millions d’euros pour la production locale. Du côté de l’animation, nous attendons une majoration de 40 à 50% de l’investissement en production dans l’Hexagone.

Souhaitez-vous récompenser davantage vos actionnaires à l’avenir ?

M.d.P. : Pour l’heure, nous préférons réinvestir l’essentiel de nos profits dans le développement du groupe. La croissance est en effet plus rémunératrice pour l’actionnaire que les dividendes. Cette stratégie a jusqu’ici été couronnée de succès si l’on considère le parcours exceptionnel du titre Xilam depuis cinq ans.

Êtes-vous attaché à l’enracinement familial du groupe ?

M.d.P. : Oui, c’est une composante essentielle de notre ADN. Face aux transformations qui animent notre secteur, piloter l’entreprise avec une vision entrepreneuriale est un gage de performance. Le contrôle familial garantit ce mode de management réactif et tourné vers l’avenir.

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