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Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia : « Nous sommes attentifs aux opportunités dans les services »

L’attractivité des valeurs « vertes » en Bourse » et l’ajustement en baisse des perspectives de l’année de cet acteur des énergies renouvelables nous ont incité à donner la parole à directeur général de Voltalia, Sébastien Clerc, pour faire un point sur la monté en puissance de la société et ses projections à moyen terme.

Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia
Sébastien Clerc, directeur général de Voltalia

Comment réagissez-vous aux comptes semestriels de Voltatlia ?

Sébastien Clerc : Ils sont très bons et traduisent une croissance remarquable avec une capacité installée en propre qui a augmenté de 54% à 820 mégawatts, une électricité produite en hausse de 21% à 915 gigawattheures. A noter que le différentiel de croissance entre les deux indicateurs provient de la mise en service de la plupart des capacités installées à la fin du premier semestre, ce qui augure d’une forte montée en puissance de la production et du chiffre d’affaires sur les prochains trimestres. A taux de change constants, les revenus ont crû plus fortement que la production d’électricité (+73% à 88,4 millions) grâce à la forte dynamique des services délivrés pour compte de tiers tandis que l’excédent brut d’exploitation a plus que doublé (+110%) à 23,8 millions et reflète une amélioration de 5,3 points de la marge à 27% (hors effet devises). Cette performance du semestre est d’autant plus satisfaisante qu’elle a été obtenue malgré des conditions de vent moins favorables que l’an dernier à pareille époque et moins bonne que la moyenne historique. Le manque à gagner est évalué à 7,5 millions sur l’excédent brut d’exploitation.

Le groupe ne paraît pas avoir été pénalisé par la crise sanitaire au deuxième trimestre ?

S. C : Effectivement, l’épidémie nous a peu pénalisé sur la première partie de l’année mais les effets négatifs vont être plus marqués sur la seconde partie de l’année. Ils sont de trois ordres. D’abord, la dépréciation du real brésilien sensible depuis le début du mois de juillet devrait pénaliser l’excédent brut d’exploitation de l’exercice de 25 millions. Ensuite, la pandémie engendre des décalages de 4 à 6 mois des chantiers au Brésil en raison de problèmes d’approvisionnement de pièces détachées ou des difficultés de déplacement en Guyane à cause des mesures de restrictions. Enfin, nos clients sont plus frileux au moment d’engager des dépenses de services. Le manque à gagner lié au retard des chantiers et au ralentissement dans les services devrait s’élever à 27 millions sur l’excédent brut d’exploitation. Au final, le coût de la crise est estimé à 51 millions d’excédent brut exploitation. S’ajoutent les conditions de vent défavorable. Nous sommes, par conséquent, contraints de revoir en baisse notre objectif pour cette année à 100 millions environ (contre une ambition initiale de 160 à 180 millions). En revanche, la cible visant une capacité installée de 1 gigawatts en fin d’année est maintenue ainsi qu’une puissance de 2,6 gigawatts en exploitation et en construction prévue à l’horizon 2023. Ce qui nous permet de nous projeter sur 2021 avec un objectif d’excédent brut d’exploitation de 170 millions environ en tenant compte de la dépréciation du real brésilien. Pour 2023, l’indicateur est espéré entre 275 et 300 millions. La visibilité est donc excellente.

Pouvez-vous revenir sur la dynamique commerciale record au premier semestre ?

S. C : Le groupe a remporté sur les neuf premiers mois de l’année des contrats long terme portant sur 867 mégawatts, un volume de 2,2 fois supérieur à celui remporté sur l’ensemble de l’année dernière qui elle-même constituait un exercice record. Nous en sommes donc très satisfaits d’autant que cette activité commerciale a été réalisée dans l’environnement compliqué de la crise sanitaire. Une partie des nouveaux contrats ont été signés avec des groupes de premier plan comme Auchan ou Crédit Mutuel et portent sur des durées moyennes très longues de 19 ans.

Comment se fait l’arbitrage entre les projets développés en propre pour Voltalia et pour compte de tiers ?

S. C : A l’instar de ce qui se fait dans les sociétés de private equity, notre processus interne repose sur deux critères : l’un financier et l’autre stratégique. Sur le plan financier, les projets les plus rentables sont conservés en propre pour Voltalia mais la forte demande de la part de fonds d’infrastructures incite également à céder des actifs à des prix très attractifs et avec une confortable plus-value à la clé. D’un point de vue stratégique, notre ambition est de réduire notre exposition au Brésil à 50% à l’horizon 2023 (contre 73% à la fin du premier semestre) en accélérant notre développement en Europe et en Afrique et en cédant des projets dans ce pays.

Le groupe dispose d’un potentiel de projets de 7,8 gigawatts à développer sur le moyen terme. A-t-il les ressources pour les financer ?

S. C : Notre ambition a été révisée à la fin du premier semestre à 8,5 gigawatts. Le groupe dispose des moyens financiers de les développer mais pas de les conserver dans leur intégralité. Une augmentation de capital de 376 millions d’euros a été levée avec succès sur le marché en juin 2019 pour assurer notre montée en puissance jusqu’à 2,6 gigawatts à horizon 2023. Au-delà, et en l’absence de nouvelle levée d’argent frais, le groupe se développera à partir de ses ressources d’autofinancement. Sinon, effectivement, nous aurons besoin de recourir au marché. Mais tout dépend des capacités appelées à être conservées et à être cédées.

Des acquisitions sont-elles envisageables ?

S. C : Une crise offre toujours des opportunités et nous devons rester ouverts et sélectifs. Comme, je viens de vous le dire, Voltalia a eu la chance mi-juin 2019 de lever des fonds propres, d’être adossé à un actionnaire solide (la famille Mulliez) et d’avoir accès au marché coté. Nous sommes attentifs à l’évolution de nos marchés et aux opportunités qui pourraient se présenter, notamment dans les services.

Le groupe est-il exposé à un risque de baisse des prix de vente de l’électricité ?

S. C : Le prix de l’électricité a déjà beaucoup baissé en Europe au moment de la période de confinement sans que cela n’affecte le groupe puisque notre portefeuille est adossé à des contrats de vente à long terme.

Présent sur l’éolien et le solaire, Voltalia pourrait-il se positionner sur d’autres énergies ?

S. C : Nous sommes positionnés sur l’énergie non subventionnée (80% du portefeuille) pour ne pas subir les voltes faces des autorités en matière de garantie de prix. La baisse des prix des équipements dans le solaire à partir de 2015 nous a incité à accélérer notre développement sur cette énergie. Mais nous sommes également présents dans l’hydro-électricité depuis 15 ans, dans la biomasse et plus récemment dans le stockage d’électricité par batterie. Encore modeste, cette dernière activité est appelée à rapidement monter en puissance avec l’installation en Guyane du plus important centre de stockage, le complexe de Toco

Quel regard portez-vous sur l’emballement en Bourse pour les valeurs des énergies renouvelables ? Est-ce justifié ? Et une consolidation est-elle prévisible ?

S. C : Effectivement, le secteur des énergies renouvelables coté s’est fortement apprécié en Bourse avant et pendant la crise. Plusieurs catalyseurs sont en soutien. D’abord, un nombre trop limité de sociétés cotées comparé aux projets détenus et développés par les fonds de private equity d’infrastructures, ce qui n’est pas normal et contribue à entretenir un phénomène de rareté et d’inflation des cours de bourse alimentée par l’éclosion des fonds d’investissement spécialisés sur la thématique ESG (environnement, social et gouvernance). Ensuite, les performances financières délivrées par ces producteurs d’énergies renouvelables pendant la crise sanitaire sont excellentes et démontrent la pertinence des business model développés et leur forte visibilité.

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Volatlia - Pixabay.com

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