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Eramet : proche du bas de cycle ?

Pénalisé par la baisse appuyée des prix du manganèse et du nickel, le groupe minier et métallurgique traverse une mauvaise passe. Ses résultats annuels devraient s’inscrire en nette baisse et son endettement s’alourdir. La détente qui se dessine sur le front commercial est toutefois de nature à changer la donne…

Eramet Pixabay.com
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Rien ne va plus pour Eramet, contraint de lancer un nouvel avertissement sur ses résultats 2019. Alors qu’il escomptait un redressement de son excédent brut d’exploitation (EBE) au second semestre par rapport à la première moitié de l’année, il ne table plus que sur une stabilité de cet indicateur en séquentiel. Une sacrée douche froide pour les investisseurs, qui s’explique avant tout par un contexte de marché compliqué. Le groupe minier et métallurgique est pénalisé par les tendances négatives sur les cours des matières premières, dans un contexte macroéconomique mondial dégradé (ralentissement en Chine, marché automobile planétaire en contraction…). A titre d’exemple, le prix moyen du minerai de manganèse pour le mois de novembre s’est inscrit en recul de 33 % par rapport à la moyenne de septembre. Plus résilient, le cours du nickel au LME affichait sur le mois dernier un cours moyen en baisse de 14 % par rapport à septembre. Hélas, le début du mois de décembre ne marque pas d’inversion de tendance, ce qui justifie la mise au point d’Eramet sur ses l’évolution de sa profitabilité. Une autre mauvaise surprise est à mettre sur le compte de Comilog. Cette filiale, deuxième producteur mondial de minerai de manganèse à haute teneur, a effectué au quatrième trimestre un règlement exceptionnel d’impôts à l’Etat gabonais, pour 113 millions d’euros ainsi qu’un paiement de dividendes aux actionnaires minoritaires de la société (63 millions).

Du côté des analystes, les ajustements devraient encore pleuvoir ces prochains jours, même si le consensus était déjà calé sur un scénario négatif pour l’exercice en cours avec un EBE prévu en baisse de 15% par rapport à 2018. Eramet a-t-il mangé son pain noir ? Là est toute la question. Les projections de la communauté financière font pour l’heure clairement mention d’une amélioration des agrégats l’an prochain, même s’ils resteraient encore inférieurs aux niveaux de l’an dernier. Tout dépendra en tout cas de l’évolution de la conjoncture mondiale. Si les indicateurs avancés font état d’une stabilisation de la dynamique économique au cours des prochains mois, l’incertitude plane toujours sur le rythme de croissance planétaire, quand bien même une trêve se dessine entre la Chine et les Etats-Unis. Une franche reprise ne fait pour l’instant des pronostics majoritaires chez les économistes et stratégistes.

Un coup de projecteur sur les récentes réalisations d’Eramet met en valeur de nombreux progrès sur le front opérationnel. La production se porte bien, en particulier dans le nickel. Le sauvetage de la SNL est en bonne voie (baisse des coûts) et le redressement du site de Sandouville en Seine-Maritime se confirme malgré l’arrêt pour maintenance enregistré au quatrième trimestre. Enfin, le projet de complexe minier de Weda Bay en Indonésie avance à bon rythme avec une construction en avance sur le calendrier et un démarrage de production prévu au premier semestre 2020. Dans la branche manganèse, Eramet accomplit également des avancées encourageantes. Chez Aubert & Duval, la réalisation du plan d’actions correctives se poursuit avec un très fort engagement des équipes et une bonne coopération avec les clients.

Le groupe se paye moins de 3 fois son EBE

En Bourse, la tendance est sans surprise franchement négative sur Eramet. Par rapport à ses pics de 2018, le titre chute même de 75%, ce qui s’explique en bonne partie par la désaffection des investisseurs pour les valeurs cycliques en général et le compartiment des matières premières en particulier. A ce facteur technique s’ajoutent les difficultés propres à Eramet, dont l’alourdissement de son bilan, même si l’endettement reste aujourd’hui largement sous contrôle. On peut toutefois se demander si la valorisation actuelle, qui fait ressortir un multiple inférieur à 3 fois l’EBE (en prenant en compte l’endettement) ne reflète pas un bas de cycle. Nous n’en sommes vraisemblablement pas très loin, même si nous pensons qu’il convient d’attendre prudemment la publication des résultats annuels de février avant de se jeter éventuellement à l’eau.

Notre avis : Pour l’instant, nous préférons rester à l’écart d’Eramet (Code Isin : FR0000131757), un titre très volatil et réservé aux spéculateurs.

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